Déco®actif 2005


DécoRactif
La Galerie
Université de Paris8
Saint-Denis
du 12 au 16 décembre 2005
Commissaire d'exposition: Mina SUNG, programme pédagogique: Ye Jin KIM

"Comment un décor pourrait il être inoffensif?Notre regard ne saurait glisser lame de fond sur les tentures moirées veloutées sans les déchirer lacérer égratigner.Le décor peut il anticiper, se venger de la caresse de notre coup d'œil àvenir ?
Paru sur le site pourinfos.org


Si le motif a en soi quelque chose de rassurant, de prévisible,
associé au tissu, il symbolise le confort d’une vie bien organisée.
Mais le décor qui nous entoure peut être réactivé, on peut lui injecter une dose d’imprévu.
Les matières entrent en contact, se répondent, s’interpénètrent.
Le pli, le déploiement ou au contraire la condensation des tissus se fait l’écho de nos émotions.
Et si le décor avait quelque chose à nous dire…
Les matières sont séduisantes (velours, satin, soie…) mais elles peuvent devenir écœurantes. Le velours attrape la poussière et se fait poudreux.
Les choses peuvent nous échapper, l’agencement parfait se décaler.
« Des brèches de toute part se sont ouvertes que je n’ai pas pu réussir à
aveugler. Car, du soir au matin, mon paradis antiseptique, mon réduit
universitaire, mon ancre intellectuel, fumigéré par la chimie et soigné à l’eau de Javel, s’est mis à sentir le sanglier, une odeur animale et sauvage à quoi se
mêlent de la manière la plus choquante des poussées de femme et de réséda. »
Le Jardin Aride, Figures et Paraboles, Paul Claudel.
Tout ce que l’on cherche à maîtriser, un jour nous échappe, il en va de même du décor dans lequel nous évoluons.
J’ai voulu que les tentures, les tapisseries nous chuchotent la vérité, que les tissus se plient, forment des mots, des phrases indéchiffrables.
Que nous puissions y lire autre chose que ce que l’habitude nous propose.

Emilie Notéris


Loin d’être les reflets transparents de conceptions déjà répertoriées dans
l’histoire de l’art, ses formes sont des leurres. Les œuvres ne s’offrent ni ne se
dérobent ; elles disent le contraire de ce qu’elles pensent, explorant les voies secrètes d’une opposition radicale entre la forme et le fond, effaçant toute trace, tout indice de l’idée. Ariane jalouse de son secret, l’artiste coupe elle-même les fils, donne des pistes et les brouilles dans la même phrase. Répugnant aux effets comme au didactisme, les oeuvres se font discrètes incarnations de l’oxymore et de l’antithèse, figures, irreprésentables par définition, de la
monstruosité et du conflit. La forme n’est plus le lieu d’un passage, mais un nœud mystérieux. La réunion des contraires dans la même enveloppe ne va pas sans cruauté.

Pascale Ratovonony, ENS Ulm, 1ère année de thèse de l’histoire de l’art